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Pas Intelligent
24 février 2017

Le Bréxit un désastre ?

“Le Brexit est tellement fascinant?!” s’écrie un officiel français. Peu d’Européens voulaient que la Grande-Bretagne quitte l’Union européenne, mais maintenant que le processus est enclenché, les ministères des Affaires étrangères et les services politiques de l’UE se réjouissent du travail qui s’annonce. Au niveau intellectuel, la gestion des complexités multiples de la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE offre des satisfactions que l’on rencontre rarement dans le domaine politique. Négociation historique sans précédent – aucun pays, surtout de la taille et de l’importance de la Grande-Bretagne, n’a quitté l’UE auparavant –, elle fera merveille sur un CV. À Bruxelles, où les entretiens se tiendront, les responsables s’efforcent d’être impliqués dans ce que l’on appelle le “dossier le plus sexy de la ville”. “Au niveau intellectuel, la gestion des complexités multiples de la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE offre des satisfactions que l’on rencontre rarement dans le domaine politique” De part et d’autre de la Manche, les préparatifs de Brexit offrent une parabole homérique d’ordre et de chaos. La première ministre britannique Theresa May exhale un calme semblable à celui d’un cygne, limitant ses déclarations sur le sujet à de chaleureuses banalités. Mais sous la surface, son gouvernement lutte furieusement pour éviter d’être submergé par la plaie bureaucratique que lui ont léguée les électeurs britanniques. Une note divulguée par un cabinet de conseil révèle que le gouvernement britannique a besoin de 30?000 fonctionnaires supplémentaires pour gérer le Brexit. Madame May dit qu’elle informera l’UE de l’intention de la Grande-Bretagne de partir en vertu de l’article 50 du traité de l’UE d’ici la fin du mois de mars?2017. Cela laisse à peine trois mois pour régler des questions fondamentales comme la décision de maintenir la Grande-Bretagne dans l’union douanière européenne. Le contraste entre les institutions européennes et les grandes capitales européennes est frappant. Les 27 autres pays de l’UE ont rapidement établi une ligne commune contre la Grande-Bretagne sur des questions comme l’indivisibilité du marché unique européen. Lors d’un sommet, le 15?décembre, ils devaient publier une déclaration formelle décrivant le format des futurs pourparlers. Les institutions européennes ont en grande partie établi leurs rôles respectifs – à l’exception d’un Parlement européen trébuchant – et passent désormais leurs journées dans la contemplation quasi-académique de modèles commerciaux ou de protocoles de coopération de sécurité, en attendant que les jeux commencent. Partout, les responsables insistent sur le fait que leur priorité sera de préserver les intérêts de l’UE, pas de plaire à la Grande-Bretagne. “C’est une négociation où nous devons défendre l’Europe, et pas la défaire” a déclaré Guy Verhofstadt, le député du Parlement européen chargé du Brexit. Les fonctionnaires européens refusent d’engager des discussions avec la Grande-Bretagne tant que Madame May ne déclenche pas l’article 50. Mais ils observent attentivement le spectacle qui se déroule de l’autre côté de la Manche. Certains ministres britanniques semblent croire que durant la période de deux ans qu’autorise l’article 50, la relation peut être modifiée, et non que le divorce sera simplement finalisé. Les négociateurs européens qui pensent qu’il est essentiel d’agir unanimement sont stupéfaits de voir certains ministres s’accrocher à l’illusion que l’Allemagne – qui a besoin de vendre des voitures aux Britanniques – fera en sorte que Madame May obtienne un accord avantageux. “Certains ministres britanniques semblent croire que durant la période de deux ans qu’autorise l’article 50, la relation peut être modifiée, et non que le divorce sera simplement finalisé” Les ténèbres descendent donc sur le côté européen. L’UE insistera probablement pour régler les conditions du retrait de la Grande-Bretagne avant de discuter des arrangements futurs, et chacun est prêt pour la bataille la plus féroce. Au sommet de la liste se trouve la facture que la Commission européenne, qui dirigera les pourparlers au nom de l’UE, présentera à la Grande-Bretagne. La Commission estime la somme à 60?milliards d’euros, soit environ les trois quarts du déficit budgétaire britannique prévu pour 2016-2017. Les Brexiteurs, les irréductibles du Brexit et leurs alliés dans la “presse pitbull” britannique, transféreront leur fureur des “Remoaners” [jeu de mot sur ‘rester’ et ‘gémir’, les opposants désespérés du Brexit, ndt] qu’ils accusent d’empêcher le Brexit, aux Européens perfides qui ont des exigences scandaleuses. Un fonctionnaire européen évalue à une sur deux les chances que la Grande-Bretagne quitte les négociations l’année prochaine. Même si une catastrophe est évitée, les négociations offriront d’amples causes de rancœur. Prenez la question du sort des 2,8?millions de citoyens de l’UE vivant en Grande-Bretagne et du 1,2?million de Britanniques dans le reste de l’UE. À première vue, cela semble simple?: les deux parties acceptent de garantir les droits permanents des citoyens arrivés avant une date donnée – peut-être le jour de la notification de l’article 50. En effet, Madame May a cherché une entente sur ce point avant d’entamer les pourparlers officiels (la soupçonnant de vouloir faire double jeu, ses homologues européens l’ont repoussée). Mais un examen plus profond révèle une chaîne infinie de complexités. Les gouvernements ont-ils les moyens administratifs de traiter les demandes de résidence permanente des citoyens?? Les enfants des citoyens européens bénéficieront-ils de frais universitaires moins élevés?? Qu’en sera-il des retraites cumulées et autres avantages?? Aucune de ces questions n’est insoluble. Mais chacune exige des négociations pointues et des travaux techniques. Il en va de même pour d’autres points à traiter, des retraites des eurocrates britanniques à la gestion de la sûreté des centrales nucléaires britanniques. Défaire une relation de 43 ans s’avère diablement compliqué.

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  • Pas intelligent, c'est le blog qui me revient, sur la politique, les média et la société en générale. C'est mon cri de révolte sur la société, et je l'avoue aussi, le lieu de mes expériences, voyages et activités, rencontres, qui me rendent stupide.
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